Militer

** ** Il y a assez sur Terre pour répondre aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour satisfaire son avidité ** ** Gandhi
 
j'ai hier 18 janvier, quitté définitivement un boulot qui m'épuisait , pour prendre ma retraite en subissant une grosse décote ....

02 sept 2020 "Bouddhiste et "d’extrême gauche", le suis je encore?  

 

25 août 2018

Ma retraite Vipassana dans la tradition de S.N.GOENKA (2)

 suite de ce premier article:
Ma retraite Vipassana dans la tradition de S.N. GOENKA (1)
1er effet bénéfique donc: durant ces 3 premiers jours, simplement grâce à Annapana la méditation sur le souffle, et à la technique indiquée  j'ai pu constater déjà une belle amélioration de ma concentration et un esprit bien moins grossier (soumis au relâchement grossier) que lors de ma dernière retraite Shiné du calme mental (voir ici)

4eme jour de la retraite: 

modification de l'emploi du temps  pour ce jour car c'est le jour où nous allons vraiment commencer Vipassana

13-14h méditation libre dans le hall ou la chambre
14-15 h méditation de groupe
15-17 h présentation de Vipassana à partir d'un discours de S.N. GOENKA traduit en Français mais non disponible sur internet ... 

le matin nous avons continué ANAPANNA en nous concentrant cette fois ci sur les sensations au niveau du triangle entre l'entrée des narines et la lèvre supérieure (et non plus sur l'air qui entre et qui sort)   

15h : les nouvelles instructions: 
se concentrer sur une zone équivalent à celle des narines mais au sommet du crane, essayer d'y ressentir des sensations , puis déplacer l'observation sur tout le cuir chevelu , puis sur toutes les parties de la tête en essayant toujours de ressentir des sensations 

puis descendre le long du corps en examinant chaque partie , l'une après l'autre, le bras droit, puis le bras gauche, puis le tronc devant, derrière , puis les hanches, les jambes , la droite puis la gauche jusqu'au pieds et puis recommencer du sommet de crane à la pointe des pieds ...

si il y a des sensations tant mieux, on observe, et on passe à la zone suivante sinon, on reste une minute sur la zone et on passe à la suivante sans s'en faire...
...
Et surtout rester toute l'heure de méditation de groupe ( 3 fois par jour) dans la même posture, sans bouger, ni les jambes ni les mains, ni ouvrir les yeux !

Nous mettrons cela en pratique dès la méditation de 18 h, pour une heure de souffrance ... et dont les 5mn de chant à la fin sonneront la délivrance !

...
Pour moi le + dur, et qui me fera bouger pour les chasser, ce sera comme pendant la retraite avec Sixte de supporter les mouches se posant sur mon visage ...

également ne pas ouvrir les yeux ... habitué que j'étais à méditer les yeux mis clos, mais aussi, je m'en rendrais vite compte en m'observant , ouvrir les yeux était le signe d'un besoin de me détendre après une période de concentration intensive

Et le soir, nouvel enseignement très pratico- pratique où seront abordées de manière toujours aussi limpide d'autre notions de base du bouddhisme,
 
après avoir répondu aux questions les + fréquentes sur l'observation des sensations - S.N. GOENKA enseignera sur :
-la loi du kamma (Karma) et la primauté de l'action mentale sur celles de la parole et du corps.
- les quatre agrégats de l'esprit ( conscience, perception, sensation, réaction ou sankhara, mot à retenir qui reviendra souvent par la suite)
- la nécessité de demeurer conscient et équanime, en observant nos sensations car ne pas réagir c'est la seule façon de transformer notre esprit et se débarrasser de la souffrance...

De nombreuses notions essentielles du bouddhisme nous seront rappelées, de manière très claire, bien + claires que tout ce que j'ai pu entendre jusqu'à présent... 

Et surtout il nous donnera les clefs que j'attendais depuis bien longtemps sur comment faire dans nos méditations pour que ces notions ne soient pas qu'une compréhension purement intellectuelle :
 l'une d'elles étant d'observer sans réagir nos sensations corporelles, et voir à chacune de leur manifestation  leur impermanence ...

Les jours suivants


Le 5eme jour mise en application de ces nouvelles instructions

Le 6eme jour, nous scannerons notre corps de la tête aux pieds puis des pieds à la tête

Le 7eme jour, si parties symétriques de notre corps (yeux, oreilles, bras, jambes), nous les observerons  de manière simultanée toujours en faisant des allers retours

Les jours suivants jusqu'à la fin, nous méditerons constamment du réveil à l'endormissement, y compris donc pendant les pauses, en essayant de rester constamment conscients de nos sensations corporelles quoi que nous fassions.

Le 10eme jour, explication et pratique de Metta-Bhavana, méditation sur l'Amour Bienveillant


Ce que j' aurais vécu et observé pendant ces journées:

Les 3 fois une heure de méditation de groupe sans bouger appelée :

  “additthana”, c’est-à-dire la “ferme détermination”

vient de la ferme détermination de Gautama de ne pas bouger sous son arbre tant qu'il n'aura pas atteint la libération ..

 Je noterais tout d'abord  que partout dans le hall de méditation, à de nombreuses places,  le coussin unique a fait place à parfois "un amoncellement" de coussins, zafus, oreillers ...

 à quelque chose qui pourrait ressembler à ça! en mieux aligné ...Il est vrai qu'à Vipassana, on est beaucoup moins exigeant sur la posture qu'à Zazen (zen soto)

je serais un des rares à garder ma place nette avec le tapis et mon zafu + éventuellement mon pull destiné à me protéger des mouches ... et j'aurais apprécié la chance que j'avais de ne pas être comme les autres, sujet à ces souffrances physiques dues à la posture !

...

Souffrance à ne pas pousser au delà de nos limites: un mot sera affiché à coté de l'emploi du temps, pour nous dire qu'on n'était pas là pour se faire souffrir et que si cela devenait intenable, on pouvait bouger, et même plusieurs fois, mais surtout en avoir conscience et essayer la fois suivante de bouger une fois de moins...

 Je ne pense pas avoir fait une seule session sans avoir bougé quoique ce soit, (redresser son dos n'étant pas considéré comme bouger) je n'ai pas changé de posture ni bougé les jambes, mais ai bougé souvent les mains (pour chasser les mouches) et surtout ouvert plusieurs fois par séance les yeux, car comme je le disais plus haut:

  • je m'étais habitué à méditer les yeux mis clos,
  • ouvrir les yeux pour me détendre après avoir terminé un aller retour ou plutôt pour moi, un aller simple car j'observerais aussi que j'avais tendance à allonger mes temps d'observation sur chaque sensation, sur chaque zone...
  • et je m'en rendrais compte vers la fin... les ouvrir signifiant un désir de contrôle de ma part, un manque de lâcher prise, ou une peur, un sentiment d'insécurité, nécessitant un désir de vigilance... m'avait dit quelqu'un sur un forum dédié aux difficultés que j'avais à m'endormir ... (observation à poursuivre donc...)

    Les autres sessions de méditation, je continuerais de les faire soit dans le hall, soit dans ma chambre, principalement pour éviter les mouches ...

    J'apprécierais particulièrement les 5 ou 10mn où nous pourrons méditer avec Christophe, notre enseignant (une fois tous les 2 jours environ) et où j'aurais un très bref aperçu de comment ça se passe pour mes 5 autres compagnons de mon groupe... (ah ce mental !!! )

    Au moment des pauses courtes, entre 2 sessions (5 à10mn), j'ai éprouvé le besoin de faire des marches rapides qui ont pu vraiment me détendre .

    ...

    Sensations grossières, sensations subtiles

    Les sensations subtiles nous ont été décrites comme des flux libres que l'on peut ressentir sur tout ou partie du corps, ce sont aussi des sensations très légères qu' à priori on ne sait pas ressentir, car l'esprit n'est encore pas assez fin; ce sont surtout des sensations qui apparaissent et disparaissent très rapidement...

    Pour entraîner cet esprit grossier, il nous a été demandé, dans les instructions données le soir après l'enseignement, de privilégier, si plusieurs sensations à un même endroit, celle qui est la + faible .


     Plus mon esprit acquerrait de la finesse, de l'acuité, plus il pourrait discerner les sensations subtiles sur des parties du corps où à priori, il n'y avait aucune sensation et il pourra ressentir ces flux libres ...

    Très rapidement j'ai pu discerner ces flux libres  comme des courants d'air frais ressentis sur des parties de + en + larges de mon corps alors qu'il n'y avait aucun courant d'air dans le hall, il y faisait très chaud au contraire.
    (c'est quand Christophe a donné cet exemple de douche d'eau fraîche à un autre étudiant au cours d'une méditation de 5mn -10mn avec lui en petit groupe que j'ai pu moi aussi comprendre)


    ces sensations subtiles coexistaient avec des sensations + grossières comme des picotements, des démangeaisons, des tensions ou des (petites) douleurs.

    en analysant, divisant disséquant ces sensations ( comme indiqué lors de l'un des enseignements)  j'ai pu quelquefois observer, que cela était souvent un flux de chaleur qui s'intensifiait et se transformait en picotements ou démangeaisons ... les douleurs étaient dues à des tensions qui diminuaient quand on s'éloignait du point principal ...
     
    Comme autres sensations subtiles ressenties : les battements de mon cœur sur un rythme lent, créant des pulsations que j'ai pu ressentir dans diverses parties de mon corps même très éloignées comme les orteils, j'ai pu également y ressentir ma respiration (ce n'était pas nouveau, je la ressentais déjà depuis + d'un an) et ai pu observer aussi que ce fameux "son du silence" ...  ces sortes d'ultrasons que je ressentais non pas avec mes oreilles, mais mon esprit (voir ici) ne se limitaient pas qu'à la tête, mais pouvaient accompagner le scan sur tout mon corps (mais de manière moins nette tout de même - une acuité à développer?)

    et ces fameux balancements (voir ici) Christophe me dira que ce n'est pas une sensation mais une réaction du corps qu'il me faut les stopper car on ne peut plus observer correctement les sensations... 
    ...

    Impermanence (Anicca)* et équanimité, 2 mots clefs


    * se prononce en Pali Annit-chà

    à nous remémorer constamment : cela nous sera rappelé de nombreuses fois dans les enseignements et au début des méditations dans le hall

    "Anicca-anicca"
     Les sensations, subtiles comme grossières  se caractérisent toutes par leur impermanence, elles apparaissent et disparaissent continuellement (et très rapidement), aucun phénomène n'est permanent, alors pourquoi avoir du désir et de l'attachement pour les sensations agréables ou de l'aversion et du rejet des désagréables?

    Il faut nous entraîner à être équanimes, c'est à dire de ne pas réagir par de l'attachement ou de l'aversion, "j'aime, je n'aime pas, je veux que cela dure ou que cela cesse" mais juste observer ces sensations agréables ou désagréables

    Pour moi, ce ne sera pas évident : Anicca se limitera à un simple changement, une simple modification d'intensité, ou un déplacement sur une zone à coté, mais pas à une disparition des sensations désagréables, et le changement se fera plutôt dans le mauvais sens, (un picotement devenant démangeaison), sûrement parce que j'attendais cette disparition, car au fond de moi je ne devais pas être dans l'équanimité, même si je n’arrêtais pas de me répéter "je dois être équanime, je dois être équanime, ça va disparaître, c'est impermanent... Anicca anicca " et ça ne marchait pas parce-que mon inconscient n'était pas équanime!

    ...

     

    Sankhāra, un autre mot clef

     qui reviendra très souvent à partir de cette 4eme journée

    Sankhāra en pali ou samskāra en sanscrit, un des 5 agrégats (Khandhas ou Skandhas) c'est la partie (4) de notre corps esprit (nama-rupa), celle qui réagit

       les autres parties étant:

    1-Rúpakkhandhá, qui comprend tous les phénomènes physiques.
    2-Vedanákkhandhá, qui est la sensation (vedaná).
    3-Saññákkhandhá, qui est la perception ou reconnaissance (sañña).
    4-Sankhárakkhandhá, qui comprend cinquante facteurs mentaux (cetasika)
    5-Viññanakkhandhá, la conscience, qui regroupe l'ensemble des citta (89 ou 121 selon les classifications).
     afin de mieux comprendre, voici un exemple avec cette image...
    cliquez sur l'image pour l'agrandir et mieux lire

    Sur ces 5 agrégats voir ici une bonne explication, ou ici sur l'annexe de ce blog

     Sankhāra j'ai commencé à confondre avec Samsara (les cycles sans fin des morts et renaissances et de la souffrance ) ... mais j'ai pu réaliser que je n'en étais pas bien loin...
    en réagissant, en n'étant pas équanimes nous produisons des impuretés de l'esprit qui vont s'accroître et se multiplier; ainsi le désir (j'aime, je veux) va t'il dégénérer en attachement, puis en avidité et l'aversion (je n'aime pas, je ne veux pas) en mécontentement, colère et haine ...

    S.N.GOENKA expliquera dans un de ses discours, tout le processus du désir/aversion qui va aller jusqu'à la prochaine vie... et surtout que l' addiction  qui n'est que du désir dégénéré ... n'est qu'addiction à une sensation particulière, procurée par la possession d'un objet ou la consommation d'une substance...

    Au contraire apprendre à ne pas réagir dans nos méditations va permettre d'inverser le processus ...

    En restant équanimes de manière consciente et volontaire, cela va permettre à notre inconscient de le devenir... cela va aussi permettre à des Sankhāra enfouis dans notre inconscient de remonter à la surface et de disparaître, comme la sensation correspondante ...


    Kalapa: encore une autre mot clef

    Qu'il emploiera très souvent aussi dans la 2eme partie de la retraite. Ce sont dans la philosophie bouddhiste, les milliards de particules subatomiques de base qui forment notre corps, chacune étant formée d'un ou plusieurs des 4 éléments de base - Terre  - Eau - Air - Feu et surtout de la caractéristique propre à chacun de ses éléments -solidité- cohésion- mobilité- chaleur -

    Les sensations corporelles que l'on ressent ce sont des amas de ces particules qui se manifestent et en analysant, dissolvant,  disséquant ... en allant de + en + loin dans l'observation équanime de sensations de + en + subtiles, on pourra remonter jusqu'à ces particules de base qui sont comme des bulles ou des vibrations qui apparaissent, disparaissent, apparaissent, disparaissent...  Anicca anicca anicca ...

    Nos corps ne sont que "des sacs de bulles" ou, j'ai préféré cette expression - un ensemble de vibrations ...

    C'est en rentrant à la maison que je commencerais à entrevoir en disséquant une sensation de chaleur, comme de petites bulles remontant de je ne sais où,  mais au lieu de disparaître, elles se solidifiaient en picotements, ou même démangeaisons ...

    mais sera t'il dit encore dans les enseignements de telles sensations subtiles ne peuvent apparaître que si il y a vraiment équanimité, sinon les sensations resteront + ou - grossières et c'est ce que j'aurais aussi expérimenté, pendant ces quelques jours, les sensations les + subtiles (pulsations, ressenti du souffle à mes extrémités) n'apparaissant que lorsque j'étais vraiment détendu ...
     
    L'équanimité ... ou le Lâcher Prise ... (7eme facteur d'éveil) ...  ce n'est pas mon fort je le savais... il va me falloir beaucoup de temps, de travail de patience et de persévérance, pour la réaliser et éradiquer tous ces Sankhāra bien ancrés dans mon inconscient ... je le savais déjà bien avant de venir à cette retraite,

     l'observation de mes sensations n'a fait que le confirmer ... mais m'a montré aussi que je pouvais le faire et les résultats que ça donnait ...

    A suivre (ici)



    Et pour mieux comprendre ce que sont nos corps et esprits...
    les Cinq Agregats ou Kandhas et les 52 facteurs mentaux par Phra Kitthivetho.pdf






    1 commentaire:

    1. sur cette page, un vécu semblable au mien et raconté avec en + des dessins humoristiques :-) (y) https://medium.com/@Philmod/pourquoi-je-suis-rest%C3%A9-10-jours-en-silence-4b89ad41f43e

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