Militer

** ** Il y a assez sur Terre pour répondre aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour satisfaire son avidité ** ** Gandhi
 
j'ai hier 18 janvier, quitté définitivement un boulot qui m'épuisait , pour prendre ma retraite en subissant une grosse décote ....

02 sept 2020 "Bouddhiste et "d’extrême gauche", le suis je encore?  

 

25 juillet 2018

méditation sur le mundial (suite)

Magnifique analyse que je viens de découvrir dans ce groupe facebook dédié à Thomas d'Anselbourg 
Merci Eliane et Jean Yves

Pour rester dans l'actualité du mondial de foot, cette lettre de Jean Yves du 21 juillet en métaphore "footeuse" pleine d'humour pour nous parler d' Amour et de Paix

Ce jour, j'ai envie de développer ce qui se passe autour du foot... J'étais un grand sportif, je le suis toujours, autrement. En astral, sans gravitation, je vous assure que les acrobaties sont géniales, mais plus sérieusement, je suis devenu un acrobate des croche-pieds de l'esprit.
J'ai donc envie de vous offrir des tremplins de réflexion pour rebondir et prendre de la hauteur sur les excitations et dérives provoquées par ce sport en particulier. Courir après une balle ou un ballon provoquait déjà l'engouement, pour ne pas dire la frénésie, dès l'Antiquité, voire avant et même chez les aborigènes. Règles simples, peu de matériel, tout le monde peut jouer au foot et a déjà tapé dans un ballon dans sa vie, quels que soient les lieux, jardin, plage, cour, terrain etc.

Mais cette popularité du football est proportionnelle à ses dérives en tout genre. Alors de quel côté se placer, de ceux qui soutiennent au-delà du soutenable, de ceux qui n'en ont rien à foot, de ceux qui s'enthousiasment pour la compétition ou pour le plaisir du jeu tout simplement ? Comme toujours, tout dépend de l'intention à résonner au plus profond de chaque-un. Quel que soit le choix, la paix est à ramener, le véritable arbitre, libre, est là. Car que l'on soit fortement supporter, ou indifférent, ou agacé et en colère... les dérives n'ont qu'un seul but, détourner de l'esprit universel d'union (par l'esprit d'équipe), de la paix, du respect, de la solidarité et de la joie. Ramener le Jeu au lieu de l'opposition des Je. Je vais donc d'abord parler des dérives.

Faire s'affronter des pays, des drapeaux, des nationalités, c'est entretenir la séparation des êtres par la différence, l'appartenance à une terre (que les humains s'approprient, mais La Terre n'appartient à personne, elle fait partie de l'Univers et s'offre aux humains qui la compartimentent). Car ne nous leurrons pas, en grande partie, le patriotisme exacerbé qui imprègne ce sport mène au racisme ou à une certaine forme de racisme déguisée.

Le danger est là, car les jeunes influençables, à la recherche d'une identité (d'un but !!!) ont l'impression d'en avoir une en défendant leur pays. L'entraîneur porte bien son nom, il devrait éduquer sur des valeurs d'équipe, de soutien, d'entraide, de respect, sans notion d'échec et de réussite, de lutter et vaincre. ". C'est un "jeu" de "je". On les enferme malheureusement en majorité dans une identité patriote, dans une histoire "d'adversaires" au lieu de partenaires de jeu. Les concepts de patrie et d'adversité ne servent jamais l'élévation universelle ou personnelle. De quoi se nourrit essentiellement l'enthousiasme du football, voilà la véritable question, dont la réponse ne peut être qu'individuelle.

Alors, personnellement, je mets... carton rouge pour les abus des klaxonnades à tout va sur des durées irrespectueuses de la tranquillité des autres, le double sens de supporter. Supporter, mot anglais, supporter verbe français qui prend tout ce sens. Carton rouge également pour l'avalanche des vandalismes, des actes de frénétiques cassant tout sur le passage.

Avertissement pour... le modèle éducatif présenté à nos enfants entraînés dans ces manifestations sonores troublant l'ordre public, également placés devant un autre spectacle, celui des violences, des joies démesurées à une victoire, de colères ou peines non moins démesurées face à une défaite, ces dangers du fanatisme et de l'idolâtrie qui ne conduisent jamais à la construction d'une identité propre mais à une éducation de perdus en mal de re-perds.
Expulsion pour... les joueurs qui rendent coup pour coup, ou simulent et carton jaune pour les spectateurs aussi dans leur soutien d'adorateurs bouillonnants (qui n'a rien à voir avec un soutien pour le jeu) pour une équipe, dont le comportement me fait penser aux jeux d'arène.

Banc de touche pour... les lobbys financiers et politiques qui polluent l'esprit du Jeu, je rêve qu'ils ne jouent plus un jour les prolongations... Le football, ce sport le plus populaire sur notre terre est aussi un des marchés les plus contaminés par le business à tout prix. Jusqu'à acheter des joueurs pour qu'ils gagnent ou perdent... jusqu'à acheter des responsables de clubs ou fédérations dénués de scrupules pour l'avidité du profit, jusqu'aux paris etc.

Le football est devenu un marché de clubs-usines et de joueurs-produits baignant dans la corruption active (corruption dont l'anagramme croupiront émet la même vibration...), les arrangements douteux, voire les arbitrages bien troubles et je peux vous dire que ce qui vous est révélé parfois par les médias, est largement en dessous de la réalité. Le débordement sans doute le plus immense résumé en un seul mot : Profit.

Je rêve d'un monde où les valeurs du football et de tous les autres sports (moins concernés, mais tout de même, certains ont aussi leurs dérèglements), reprendraient leurs places, où fêter une victoire serait le couronnement des efforts, d'un esprit d'équipe au top, du courage, d'une ténacité, d'un dépassement de ses limites, de soi, dans le but d'une exemplarité éducative pour tous. Des valeurs à promouvoir, d'investissement personnel et d'esprit d'équipe, qui feraient ressortir le caractère pacificateur et non guerrier du sport. Ce n'est pas le sport en lui-même le coupable, mais toute l'utilisation médiatique, financière et les emportements déchaînés provoqués par des humains mal dans leur peau, en mal d'identité et de reconnaissance, avides de se faire remarquer à tout prix. A tout prix, c'est bien là malheureusement le thème.

Finalement, le foot n'est rien d'autre qu'un reflet de ce qui se passe dans le Monde. Un lieu, un espace où peuvent résider la contamination à grande échelle de la violence verbale ou corporelle, des techniques pour asservir une masse aveuglée par la corruption et l'opposition (d'ailleurs couramment, ne dit-on pas, et toi tu es pour qui, contre qui en parlant d'une équipe donnée ?). Ne devrait-on pas plutôt choisir : qui veux-tu encourager ? Battre l'autre, émet une vibration de guerre qui prend le dessus sur la compétition dans un jeu. D'ailleurs certains entraîneurs n'hésitent pas à préparer leurs joueurs dans cette empreinte de lutte, affronter et battre l'ennemi, au lieu de les exhorter à donner le meilleur d'eux-mêmes et à admettre que perdre un match n'est pas une tragédie, mais le jeu en lui-même.

Qualification finale donc pour... les champions du travail qui ne reculent pas devant les difficultés, qui vibrent la persévérance, l'effort, qui prennent tout sport comme un moyen de dépasser ses limites grâce au pouvoir de l'esprit sur le corps, comme une occasion d'apprendre comme dans la vie et son quotidien, à ne pas tricher, ni manipuler, ni vendre ou se vendre, ni écraser l'autre, mais unir ses forces en équipe, acquérir du courage, de la confiance en soi et dans les autres, de la solidarité, du fair play et de l'engagement, de la maîtrise de soi, du respect des autres, toutes ces valeurs importantes dans tous les domaines. Ce qui s'acquiert par le sport, dans le sport, a une répercussion dans le quotidien de la vie.

Jouer... ce mot a perdu son sens noble initial dans les matches de foot de haut niveau où les intérêts sont démentiels et démesurés.
A vous de jouer,
Jean-Yves qui espère avoir marqué un but d'une reprise de volée différente !

19 juillet 2018

Retraite de Mahamoudra

à l'Institut Vajra Yogini près de Lavaur dans le Tarn
Avec Sixte, dont j'aime beaucoup la manière d'enseigner très participative


Le Mahamudra ou Mahamoudra (sanskrit IAST : mahāmudrā ; devanāgarī : महामुद्रा 1 ; THL : Chagya Chenpo tibétain : ཕྱག་རྒྱ་ཆེན་པོ་, Wylie : Phyag-rgya chen-po, Chachen tibétain : ཕྱག་ཆེན, Wylie : phyag chen), « Grand Symbole » ou « Grand Sceau » désigne un système de méditation2 utilisé dans le bouddhisme pour atteindre l'éveil, la réalisation de la nature ultime de l'esprit et de la vacuité, pénétrant tous les phénomènes du saṃsāra et du nirvāṇa. Dans le bouddhisme tibétain cette méthode est principalement pratiquée par la lignée Kagyüpa, mais aussi dans les lignées Gelugpa et Sakyapa.
(wikipédia)
et dont voici l' enseignement donné lors de la retraite de 2017 ainsi que les principaux textes que nous avons utilisés:



 L'enseignement du samedi sera semblable...Et Sixte fera le lien entre la vacuité selon le bouddhisme (nous lirons le sutra de la Prajna Paramita: la forme est vide et le vide est forme ) et la physique quantique, un atome est constitué à 99.999...(10 ou 12 après la virgule) de vide, mais le vide, l'espace est plein...d’énergie et ce qui donne aux choses cet aspect solide et c'est cette énergie qu'il appellera karma ???
Ce sera également une retraite silencieuse semblable à celles de Shiné ou Vipassana avec quelques petites différences:
Pas de dîner le soir, juste un bouillon liquide ceci afin de respecter la tradition et le 6eme des 8 préceptes s'abstenir de manger après midi (14 h)


éprouvant le besoin de manger, plus souvent après presque une semaine de jeûne intermittent de 21 heures chez Anne,  je me remettrais donc au petit déjeuner, tout en restant dans le jeûne intermittent de 16h (ce sera en fait 18 ou 19h) ...



Aile Ouest , la place que j'ai choisie sous la protection de Tara...
pour 7 heures de méditation par jour, chaque session d'une heure comportant plusieurs périodes de 10 à 12mn de concentration et 5mn de pause

le matin on démarre par la prise des 8 préceptes avant le lever du soleil (voir le texte ici)
 puis chaque session par 3 mn de méditation sur le souffle puis la prise de refuge, avec 5 mn de méditation silencieuse avant les 4 pensées illimitées

puis la méditation proprement dite...

Tout cela est résumé dans cette page du Texte racine du Mahamoudra, par le premier Panchèn-Lama, Losang Tcheukyi Gyeltsèn : La route principale des triomphants

et enfin les dédicaces qui ressemblent à celles ci (voir page 9)

Et au moins une session une méditation de Tonglen prendre la souffrance d'autrui et donner sa lumière (voir ici

Journée du dimanche, concentration sur le souffle pour apaiser le mental, peu de changement par rapport aux retraites Shiné (voir ici)
 si ce n'est la méditation des 9 rondes que Sixte nous présentera (voir ici) et dont voici la partie essentielle ...
Sixte nous indiquera de se concentrer sur l'air qui entre et qui sort des narines, de compter au besoin, et si la concentration se relâche de revenir sur les mouvements de l'abdomen, plus facile à suivre d'après lui.
Par contre quand le souffle s'amenuise et disparaît, ne pas chercher ailleurs ni à le faire réapparaître, mais observer l'absence de sensation, jusqu'à ce qu'il réapparaisse 
...


Journées de lundi et mardi: concentration sur l'esprit selon ce texte  déjà cité ci dessus La route principale des triomphants
Nous fixons notre attention sur un point entre les 2 sourcils et y observons notre esprit...  les pensées qui surgissent, nous les observons et les laissons passer, ou nous pouvons leur dire "stop" .


Nous observons également l'espace entre les pensées.


Sixte nous aura indiqué d'imaginer le ciel bleu sans nuages et pendant nos pauses aller l'observer au dehors, ce que j'ai fait... 












et en me le remémorant ensuite,  j'aurais retrouvé cette image mentale de ma précédente retraite shiné , peut être un peu plus lumineuse et plus nette


 devenue un moment presque comme ceci, 
(une des photos prises dans le parc de l'institut)

mais pour Sixte, il ne s'agit que d'une image crée par le mental, qui nous joue bien des tours... il faudrait visualiser un point lumineux bleu ( ou blanc la nuit) ou stabiliser les images en un seul point... mais ceci est une autre méthode de remplacement, à celle qui consiste à observer l'espace entre les pensées ...



en me concentrant sur cet espace, j'observerais

  • que mon souffle vient souvent interférer et que j'arrive même à le ressentir à ce point entre les 2 sourcils
  • qu'il y a également de nombreuses sensations qui se manifestent, des sons comme le chant des oiseaux ou des bruits dans la salle ou quand j'ouvre les yeux des images des retraitants devant moi, et ... surtout...LES MOUCHES qui viennent perturber ma concentration en se posant sur mon visage, mes yeux, ma bouche ... et j'observerais que ce sont ces sensations qui ont produite la plupart de mes pensées
  • et d'autre part beaucoup de pensées liées à la méditation elle même 

A ma question Sixte répondra que à force de concentration, nous pouvons ne plus ressentir toutes ces sensations, comme ces moines de la forêt qui peuvent rester des heures et des jours en absorption méditative sans rien ressentir...

Si on choisit de se concentrer sur la lumière et qu'elle est floue, on n'essaie pas de forcer pour la rendre nette, on l'observe telle quelle et petit à petit elle deviendra nette

on choisit une méthode ou l'autre, mais pas les 2 alternativement... ...

Journées de mercredi et jeudi : méditation sur la vacuité

Sur le thème "le JE" existe t'il de manière indépendante? 
Sixte nous proposera d'imaginer que nous ayons eu une grosse émotion puis ensuite se demander, QUI EST CE JE ? avec une méditation analytique de ce style :

Que je trouverais trop "intellectuelle" ...

Moi je méditerais à partir du magnifique texte de notre sœur Giac Nghiem offert à la dernière retraite francophone (voir ici)
encore que ce sera bien intellectuel également...  il faudrait que je ressente et non pas que je pense que l’élément terre /eau / air / feu/espace... est en moi et autour de moi ... et que donc je ne suis pas séparé du reste du cosmos ...

La grosse émotion, ce sera ces mouches qui ont perturbé maintes fois ma méditation en venant se poser sur mon visage (ailleurs je pouvais supporter)...
Est ce un "JE" indépendant qui ressens cette gêne ? évidement que NON (toujours de manière intellectuelle), mais la SENSATION  est bien réelle et franchement désagréable ... Sixte ayant évoqué des moines Tibétains s'étant fabriqué comme moustiquaires des voiles attachés à leur casquette, j'ai pu m'en protéger moi aussi en mettant mon pull sur ma tête et ressentir de la PAIX ! Mais ça ne m'a pas fait avancer sur la vacuité... 

Cependant je continue à ressentir que ma méditation est bien impermanente, elle n'est jamais la même, et change  tout le temps,  dépendante de tas de phénomènes , comme les sons, les images, les mouches ... et que si je suis ici et maintenant à cette retraite en train de méditer, c'est aussi à cause de tas de causes et conditions elles mêmes dépendantes entre elles et avec d'autres causes et conditions...

Je réalise aussi (à mon retour) que jusqu'à présent à l'inverse de bien d'autres,  j'ai été relativement protégé des sensations de douleurs pendant mes méditations... Ce mouches m'ont rappelé qu'ils me fallait aussi les travailler...

14 juillet 2018

méditation sur le mundial de foot

 Car...

Rattrapé dans ma détoxification de mon corps et de mon mental par le mundial de foot... (en plein dans ma 3eme détox du foie voir article précédent)
d'abord pendant ma méditation ce mardi là par des concerts de klaxon ...

puis sur facebook la presque seule ouverture que j'ai laissée sur ce monde dont je veux depuis + de 6 mois me protéger des effets nuisibles ...

rattrapé aussi à la sortie de presque 2 nouvelles semaines de retraite chez Anne dans son éco-lieu dans le Gers puis à Vajra Yogini pour une contemplation silencieuse de notre esprit ... (articles en cours de rédaction)

donc complètement déconnecté de ce monde et appréciant de l'être ...

J'ai vu ce "rappel brutal" comme l'opportunité pour moi d'essayer d'avoir une compréhension + profonde 
  • de ce que j'appelle "hystérie collective"
  • et que d'autres nomment liesse populaire ou même communion ...
 d'abord mes premières réactions :

que je n'ai pas pu m’empêcher d'exprimer et de publier sur FB et de susciter des réponses opposées même de la part de personnes proches des milieux que je fréquente... et qui m'ont davantage encore fait retomber dans ce processus de "conversations toxiques" du 5eme entraînement ... car je ne peux m’empêcher de vouloir argumenter ... (savoir pourquoi va faire partie de mon "travail" intérieur)

Voila le genre d'arguments que j'ai développé


Voir ici une des discussions
 qui m’empêchait de retrouver la Paix intérieure  ... (pourquoi? ... à creuser)

jusqu'à ce que  toujours sur FB je tombe sur cette publication :
 
Dominique Bertrand a partagé une publication.
- Difficile de s’en footre -
(et en profiter pour relire Nietzsche).

Que l'on aime ça ou pas, les grands-messes du foot nous rappellent que les Zumains éprouvent parfois le besoin irrésistiblement contagieux de prendre un bain de "masse", plonger dans l'indifférenciation, faire disparaître les distinctions/séparations/exclusions/hiérarchies pour enfin se fondre dans la masse et jouir de cette jouissance collective qui la traverse de flux saisissants, intenses, fièvres et frissons. L’humain cru, sans autre référence. On peut trouver cela exaltant, miraculeux, ce sentiment de fraternité qui se dilate jusqu'à l'universel. On peut aussi trouver écœurant, scandaleux, cette adoration mondiale à l’égard des spectacles organisés par la FIFA - mafia notoire - pour exhiber des types aux salaires obscènes.

La splendeur du spectacle, et l'ombre des coulisses... Et on oublie vite, dans le ravissement « général », que la jouissance spectaculaire des vainqueurs cache mal l’amertume des vaincus. C'est pourtant là l'envers de l'endroit. Le réel... l’autre... Sous une forme ou une autre, les rituels fusionnels existent de tous les temps, jeux du cirque, carnavals, orgies rituelles, pratiques d’extase, sacrifices propitiatoires, vendetta claniques, fureurs guerrières.. Tous se fonde sur une exclusion - réelle ou symbolique : le Bonhomme Carnaval, le bouc-émissaire, le diable, le barbare ou l’ennemi sacrifié. L’Autre, devenu contre-référence du Même, fondant et cimentant par l’exclusion l’unité/identité du groupe (relire Girard).

Le problème c'est qu'ici l'on sait bien - on sent bien - que cette soudaine coagulation groupale aux allures de joie universelle, si enivrante, est de même nature que son envers, la foule meurtrière, haineuse, affolée : l’ivresse, encore... Et que cela peut se retourner, avec la même puissance, de façon largement imprévisible.

Collective, la jouissance abolit les frontières morales qui maintiennent l’individu dans le carcan social et son refoulement pulsionnel. Car cette jouissance là tient d'un soulagement ineffable : l'allègement soudain du fardeau de la responsabilité individuelle, pour communier aux tréfonds des passions les plus archaïques, les plus radicales. Là, raison, réflexion, responsabilité et identité « personnelle » n'ont plus de place, devenant des obstacles, voire des adversaires à anéantir. Seule compte l'intensité de l'instant, son paroxysme imminent, par-delà le par-delà...

Évidemment, on évoquera ici la « noblesse du Sport » qui, par l'exaltation, transcende races et classes, dont la fonction est justement de transcender le conflit en le représentant/ritualisant par des règles communes, partagées. On dit aussi quasiment la même chose de l’art : sublimation et catharsis. Mais le sport contemporain est à l’image de l’art contemporain : la marchandisation outrancière, les références qui s’effondrent : dans le sport aujourd'hui médiatisé, la frontière morale du Noble et du Sacré est une palissade couverte de pubs et de caméras' qui refoule mal les rumeurs de dopage, limite que, de plus en plus souvent, la violence réelle, crue, aveugle et stupide, vient défoncer. Comme en art, la sublimation a ses limites, où la violence interne peut tuer jusqu’à la notion d’oeuvre.

Juste pour sourire, rappelons que Pythagore, créateur du mot philosophie, fondateur des mathématiques, de l'acoustique et des lois musicales, était aussi un champion de marathon. Comme quoi sport de haut niveau et intelligence abstraite ne sont pas à priori incompatibles, malgré les apparences renvoyées par les médias (cela dit, il suffit de voir le niveau de culture du commentateur sportif moyen, pour comprendre qu'il ne risque pas d'élever le débat...). Mais il est remarquable ici que la haine montante de "l'intellectuel" dans les courants populistes trouve son écho chez les hooligans racistes hurlant leur haine dans certains matchs.

Ivresse et pensée semblent incompatibles. Et pourtant... que devient la pensée lorsqu'elle pense l'ivresse ? Et que devient l'ivresse lorsqu'elle soulève la pensée au-delà d'elle-même, en terre inconnue ? Alliages rares... Selon Nietzsche, Dionysos en connaît le secret.

Que reste-t-il du « Sport » ? Une colle groupale aux enjeux financiers vertigineux, Spectacle grandiose aux coulisses obscures, source néanmoins de jouissances phénoménales, éminemment spectaculaires (mais que resterait-il de cette jouissance, sans son spectacle ?...). Elle a généré des héros vénérés pour leur audace, leur talent parfois stupéfiant, figures inoubliables (Cerdan, Pelé, Fausto Copi, Mimoun, Mohamed Ali) ayant joué, certains avec génie, un rôle considérable dans le miroir collectif, donnant une identité vibrante à tous ceux qui - le "peuple" - n'en avaient pas. L’ombre de la lumière, donc. Prendre l’une sans l’autre, c’est tricher. En le réduisant à l'un des deux pôles (miraculeux/sordide), c'est le mot « humain » qui perd ce qu'il pourrait vouloir dire un jour, si jamais on se mettait à y réfléchir...

Si Dionysos est le Dieu de l'ivresse extatique, c'est de savoir user de l'ivresse comme d'un propulseur vers l'au-delà de l'ivresse, jusqu'en cette "haute sobriété " nietzschéenne : transcender la frontière logique opposant irréductiblement le continu et le discontinu, l'onde et la particule, les flux du monde et la personne unique, l'ivresse fusionnelle et la distinction conceptuelle, etc... Dieu de l'entre-deux (il est explicitement trans-genre, par exemple), il désigne ce lieu paradoxal où ivresse et pensée se fécondent mutuellement, impliquant l'ouverture poétique.

Conclure ? Restons humbles : aucune critique de ce phénomène, aussi pertinente soit-elle, ne peut échapper à la question : comment l’identité collective se maintiendrait-elle sans jouissance collective ?... cela vaut autant pour tous que pour chacun, jusqu'à l'intime : comment faire avec l'univers pulsionnel ? Nietzsche - un des rares à avoir exploré du dedans les paradoxes de l'ivresse pensante - disait qu’il nous faudrait inventer la réponse, créer de nouveaux « jeux sacrés » pour savoir jouir « hautement », et ne pas mourir collectivement, spirituellement, de la mort de la Référence. Redoutablement exigeant, Dionysos l'insaisissable est aussi attirant qu'effrayant. Mais... apparemment incontournable par les temps qui courent, pour le meilleur comme le pire.

-D.B.-
.
 

 

Merci Dominique! difficile de s'en "foot-re", car c'est d'explications comme celles ci dont j'ai besoin et cela me renvoie sur ma quête de compréhension à propos de la nature humaine (voir dans ce précédent article la partie: mes méditations) 
ou ici dans l'annexe de ce blog