Militer

** ** Il y a assez sur Terre pour répondre aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour satisfaire son avidité ** ** Gandhi
 
j'ai hier 18 janvier, quitté définitivement un boulot qui m'épuisait , pour prendre ma retraite en subissant une grosse décote ....

02 sept 2020 "Bouddhiste et "d’extrême gauche", le suis je encore?  

 

14 juillet 2018

méditation sur le mundial de foot

 Car...

Rattrapé dans ma détoxification de mon corps et de mon mental par le mundial de foot... (en plein dans ma 3eme détox du foie voir article précédent)
d'abord pendant ma méditation ce mardi là par des concerts de klaxon ...

puis sur facebook la presque seule ouverture que j'ai laissée sur ce monde dont je veux depuis + de 6 mois me protéger des effets nuisibles ...

rattrapé aussi à la sortie de presque 2 nouvelles semaines de retraite chez Anne dans son éco-lieu dans le Gers puis à Vajra Yogini pour une contemplation silencieuse de notre esprit ... (articles en cours de rédaction)

donc complètement déconnecté de ce monde et appréciant de l'être ...

J'ai vu ce "rappel brutal" comme l'opportunité pour moi d'essayer d'avoir une compréhension + profonde 
  • de ce que j'appelle "hystérie collective"
  • et que d'autres nomment liesse populaire ou même communion ...
 d'abord mes premières réactions :

que je n'ai pas pu m’empêcher d'exprimer et de publier sur FB et de susciter des réponses opposées même de la part de personnes proches des milieux que je fréquente... et qui m'ont davantage encore fait retomber dans ce processus de "conversations toxiques" du 5eme entraînement ... car je ne peux m’empêcher de vouloir argumenter ... (savoir pourquoi va faire partie de mon "travail" intérieur)

Voila le genre d'arguments que j'ai développé


Voir ici une des discussions
 qui m’empêchait de retrouver la Paix intérieure  ... (pourquoi? ... à creuser)

jusqu'à ce que  toujours sur FB je tombe sur cette publication :
 
Dominique Bertrand a partagé une publication.
- Difficile de s’en footre -
(et en profiter pour relire Nietzsche).

Que l'on aime ça ou pas, les grands-messes du foot nous rappellent que les Zumains éprouvent parfois le besoin irrésistiblement contagieux de prendre un bain de "masse", plonger dans l'indifférenciation, faire disparaître les distinctions/séparations/exclusions/hiérarchies pour enfin se fondre dans la masse et jouir de cette jouissance collective qui la traverse de flux saisissants, intenses, fièvres et frissons. L’humain cru, sans autre référence. On peut trouver cela exaltant, miraculeux, ce sentiment de fraternité qui se dilate jusqu'à l'universel. On peut aussi trouver écœurant, scandaleux, cette adoration mondiale à l’égard des spectacles organisés par la FIFA - mafia notoire - pour exhiber des types aux salaires obscènes.

La splendeur du spectacle, et l'ombre des coulisses... Et on oublie vite, dans le ravissement « général », que la jouissance spectaculaire des vainqueurs cache mal l’amertume des vaincus. C'est pourtant là l'envers de l'endroit. Le réel... l’autre... Sous une forme ou une autre, les rituels fusionnels existent de tous les temps, jeux du cirque, carnavals, orgies rituelles, pratiques d’extase, sacrifices propitiatoires, vendetta claniques, fureurs guerrières.. Tous se fonde sur une exclusion - réelle ou symbolique : le Bonhomme Carnaval, le bouc-émissaire, le diable, le barbare ou l’ennemi sacrifié. L’Autre, devenu contre-référence du Même, fondant et cimentant par l’exclusion l’unité/identité du groupe (relire Girard).

Le problème c'est qu'ici l'on sait bien - on sent bien - que cette soudaine coagulation groupale aux allures de joie universelle, si enivrante, est de même nature que son envers, la foule meurtrière, haineuse, affolée : l’ivresse, encore... Et que cela peut se retourner, avec la même puissance, de façon largement imprévisible.

Collective, la jouissance abolit les frontières morales qui maintiennent l’individu dans le carcan social et son refoulement pulsionnel. Car cette jouissance là tient d'un soulagement ineffable : l'allègement soudain du fardeau de la responsabilité individuelle, pour communier aux tréfonds des passions les plus archaïques, les plus radicales. Là, raison, réflexion, responsabilité et identité « personnelle » n'ont plus de place, devenant des obstacles, voire des adversaires à anéantir. Seule compte l'intensité de l'instant, son paroxysme imminent, par-delà le par-delà...

Évidemment, on évoquera ici la « noblesse du Sport » qui, par l'exaltation, transcende races et classes, dont la fonction est justement de transcender le conflit en le représentant/ritualisant par des règles communes, partagées. On dit aussi quasiment la même chose de l’art : sublimation et catharsis. Mais le sport contemporain est à l’image de l’art contemporain : la marchandisation outrancière, les références qui s’effondrent : dans le sport aujourd'hui médiatisé, la frontière morale du Noble et du Sacré est une palissade couverte de pubs et de caméras' qui refoule mal les rumeurs de dopage, limite que, de plus en plus souvent, la violence réelle, crue, aveugle et stupide, vient défoncer. Comme en art, la sublimation a ses limites, où la violence interne peut tuer jusqu’à la notion d’oeuvre.

Juste pour sourire, rappelons que Pythagore, créateur du mot philosophie, fondateur des mathématiques, de l'acoustique et des lois musicales, était aussi un champion de marathon. Comme quoi sport de haut niveau et intelligence abstraite ne sont pas à priori incompatibles, malgré les apparences renvoyées par les médias (cela dit, il suffit de voir le niveau de culture du commentateur sportif moyen, pour comprendre qu'il ne risque pas d'élever le débat...). Mais il est remarquable ici que la haine montante de "l'intellectuel" dans les courants populistes trouve son écho chez les hooligans racistes hurlant leur haine dans certains matchs.

Ivresse et pensée semblent incompatibles. Et pourtant... que devient la pensée lorsqu'elle pense l'ivresse ? Et que devient l'ivresse lorsqu'elle soulève la pensée au-delà d'elle-même, en terre inconnue ? Alliages rares... Selon Nietzsche, Dionysos en connaît le secret.

Que reste-t-il du « Sport » ? Une colle groupale aux enjeux financiers vertigineux, Spectacle grandiose aux coulisses obscures, source néanmoins de jouissances phénoménales, éminemment spectaculaires (mais que resterait-il de cette jouissance, sans son spectacle ?...). Elle a généré des héros vénérés pour leur audace, leur talent parfois stupéfiant, figures inoubliables (Cerdan, Pelé, Fausto Copi, Mimoun, Mohamed Ali) ayant joué, certains avec génie, un rôle considérable dans le miroir collectif, donnant une identité vibrante à tous ceux qui - le "peuple" - n'en avaient pas. L’ombre de la lumière, donc. Prendre l’une sans l’autre, c’est tricher. En le réduisant à l'un des deux pôles (miraculeux/sordide), c'est le mot « humain » qui perd ce qu'il pourrait vouloir dire un jour, si jamais on se mettait à y réfléchir...

Si Dionysos est le Dieu de l'ivresse extatique, c'est de savoir user de l'ivresse comme d'un propulseur vers l'au-delà de l'ivresse, jusqu'en cette "haute sobriété " nietzschéenne : transcender la frontière logique opposant irréductiblement le continu et le discontinu, l'onde et la particule, les flux du monde et la personne unique, l'ivresse fusionnelle et la distinction conceptuelle, etc... Dieu de l'entre-deux (il est explicitement trans-genre, par exemple), il désigne ce lieu paradoxal où ivresse et pensée se fécondent mutuellement, impliquant l'ouverture poétique.

Conclure ? Restons humbles : aucune critique de ce phénomène, aussi pertinente soit-elle, ne peut échapper à la question : comment l’identité collective se maintiendrait-elle sans jouissance collective ?... cela vaut autant pour tous que pour chacun, jusqu'à l'intime : comment faire avec l'univers pulsionnel ? Nietzsche - un des rares à avoir exploré du dedans les paradoxes de l'ivresse pensante - disait qu’il nous faudrait inventer la réponse, créer de nouveaux « jeux sacrés » pour savoir jouir « hautement », et ne pas mourir collectivement, spirituellement, de la mort de la Référence. Redoutablement exigeant, Dionysos l'insaisissable est aussi attirant qu'effrayant. Mais... apparemment incontournable par les temps qui courent, pour le meilleur comme le pire.

-D.B.-
.
 

 

Merci Dominique! difficile de s'en "foot-re", car c'est d'explications comme celles ci dont j'ai besoin et cela me renvoie sur ma quête de compréhension à propos de la nature humaine (voir dans ce précédent article la partie: mes méditations) 
ou ici dans l'annexe de ce blog

1 commentaire:

  1. Pourquoi ne puis je m’empêcher d'argumenter? toujours cette profonde aversion pour ce systeme mortifère crée par l'avidité humaine et qui le détruit inexorablement ainsi que la nature ...(mais elle, elle s'en remettra quand l’espèce humaine aura disparu)

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