Suite de mes réflexions sur cet article consacrée à la 1ere partie de ce texte de nos sœurs de la Maison de l'Inspir sur la conscience
Je m'étais arrêté sur cette incompréhension de ma part à propos de ces graines du tréfonds, qui seraient toutes neutres, alors que les formations mentales qui en sont issues comme la colère, la tristesse ou la joie... ne le sont pas:Un rappel : les 8 consciences ne font pas partie des enseignements originels; cela n'est apparu que bien après la mort du Bouddha, au 4eme siècle après Jésus Christ avec l’école Cittamātra et ses fondateurs Asanga et Vasubandhu.
Les enseignements originels du Bouddha dans le canon Pali ne faisaient état que de 6 consciences ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chittamatra#%C4%80layavij%C3%B1%C4%81na
Les enseignements originels du Bouddha dans le canon Pali ne faisaient état que de 6 consciences ...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chittamatra#%C4%80layavij%C3%B1%C4%81na
Et pour Thay, la conscience du tréfonds est bien + que notre subconscient ou notre inconscient, elle est l'univers tout entier .
Reprenons donc le texte (j'ai mis en gras, les passages importants, et en bleu, ce sont mes commentaires, ou reprise de phrases qui me semblent essentielles) :
De plus, la nature du tréfonds est ni naissance ni mort, ni être ni non-être, ni croissant ni décroissant, ni venir ni partir, ni semblable ni différent. Ces notions opposées n’existent qu’au niveau des consciences évolutives et non pas au niveau du tréfonds. Affirmer comme la tradition que les semences sont détruites à chaque instant (kṣaṇabhanga) ne signifie pas qu’elles naissent et meurent. Les semences sont impermanentes ; cinématographiques, elles coulent et continuent toujours en séries, mais elles ne sont pas vraiment sujettes à la naissance et à la mort. Tout comme dans la première loi de la thermodynamique, la loi de la conservation de l’énergie, la nature de la matière et de l’énergie est ni naissance ni mort, ni croissance ni décroissance. Détruit à chaque instant devrait être compris comme étant la nature impermanente à chaque instant et par conséquent, la nature impermanente par période de temps. L’impermanence par période signifie aussi couler et continuer toujours en séries.
Le tréfonds coopère avec les formations mentales particulières
Si le tréfonds perçoit directement la réalité en soi, si son objet est l’ainsité et la nature du monde du dharma (dharmadhātu), il doit fonctionner de concert avec la formation mentale vision profonde (prajñā), l’une des formations mentales particulières. S’il va de pair avec la vision profonde, il doit aussi aller de pair avec la pleine conscience et la concentration puisque ces dernières sont les formations mentales qui conduisent à la vision profonde. Selon l’école Sthaviravāda, la concentration (ekagracitta) et l’élan vital (jīvitendriya) s’ajoutent aux formations mentales universelles (contact, attention, sensation, perception et volition). Nous pouvons dire alors que le tréfonds ne coopère pas seulement avec le contact, l’attention, la sensation, la perception et la volition mais aussi avec l’intention, la détermination, la pleine conscience, la concentration, la vision profonde et l’élan vital. L’élan vital n’est pas un dharma qui ne coopère pas avec l’esprit (cittaviprayukta) comme les cent dharmas énumérés par l’école Dharmalakṣaṇa. C’est la vitalité, la force du désir de vivre.
Le
tréfonds a pour fonction de maintenir la vie dans le corps avec ses
cinq organes des sens et aussi dans l’environnement, c’est-à-dire
son environnement proche et la nature. Parfois la conscience mentale
cesse de fonctionner momentanément, néanmoins, la vie est maintenue
dans le corps. C’est une des fonctions du tréfonds: maintenir la
vie et être la base sur laquelle la conscience mentale se remet en
marche. Avec les systèmes nerveux autonomes, le sympathique et le
parasympathique, le tréfonds stabilise l’équilibre dans le corps
pour que celui-ci puisse toujours s’adapter à la situation. C’est
la fonction d’homéostasie décrite en biologie. La régulation de
la respiration, des battements du cœur, de la circulation sanguine,
du système digestif, de la transpiration, de la température, etc.
est une activité inconsciente et soutenue par la formation mentale
de l’élan vital, c’est-à-dire le désir de vivre. Le désir de
manger quand on a faim, de boire quand on a soif, l’instinct de
perpétuer l’espèce et de se reproduire sont tous liés à la
formation de l’élan vital. À l’instar du tréfonds, toutes ces
formations mentales sont non-voilées et neutres, elles ne sont ni
bonnes ni mauvaises, ni pures ni impures car il s’agit là de
discriminations établies par les consciences évolutives qui ne
concernent pas le tréfonds.
Le rôle ou la nature de la conscience du tréfonds: c'est la suite des enseignements de la 1ere partie, sur l'élan vital ou l'instinct de survie et sur les graines qui ne sont ni bonne ni mauvaises ... avec une précision : il s’agit là de discriminations établies par les consciences évolutives qui ne concernent pas le tréfonds.
Question : qu'est ce que les consciences évolutives? Est ce les formations mentales particulières?
La
maturation à chaque instant
Selon
le verset 19 des Trente Versets de Vasubhandu, lorsqu’une
maturation arrive à terme, elle est suivie par d’autres
maturations. Cette phrase peut donner lieu à un malentendu et faire
croire que le tréfonds (la maturation) est un soi, capable de
maintenir son identité tout au long d’une vie. Si le tréfonds
change continuellement comme une rivière, si les semences sont
impermanentes à chaque instant, alors la maturation est de même
nature. Il existe deux sortes d’impermanence : l’impermanence à
chaque instant et l’impermanence par période. Période ici ne
correspond pas nécessairement à la durée d’une vie. Quand un
enfant devient adolescent, il s’agit d’une nouvelle maturation.
Si nous comparons l’adolescente à la puberté avec la photo de ce
qu’elle était dix ans auparavant, nous constatons la grande
différence entre les deux. C’est comme si l’enfant d’il y a
dix ans était morte pour permettre à l’adolescente de naître.
Ainsi, la maturation peut avoir lieu à de nombreux moments d’une
vie. Le jeune adulte est lui aussi différent de l’adolescent. La
personne d’âge mûr est différente du jeune adulte et le
vieillard différent de la personne d’âge mur.
À
y regarder de près, la maturation prend place à chaque instant. Les
fruits d’un arbre mûrissent à des moments différents, certains
sont mûrs tandis que d’autres sont encore verts et que d’autres
viennent tout juste de se former. Il arrive qu’un dixième d’un
nuage seulement se transforme en pluie, et les neuf dixièmes
restants demeurent sous forme de nuage. Une maturation n’est pas
encore accomplie qu’une autre s’amorce déjà. Un nuage peut voir
sa continuation sous forme de ruisseau, de glace ou de tempête de
neige. Dans le Sutra des Quarante Deux Chapitres, le Bouddha nous dit
que la vie d’un être humain ne dure pas cent ans mais le temps
d’une respiration. C’est le sens de l’impermanence à chaque
instant et la maturation à chaque instant. C’est pourquoi le
verset 35 des Cinquante Versets sur la Manifestation Seule nous dit :
la
maturation a lieu à chaque instant.
Nous naissons et mourrons à chaque instant, nous changeons à chaque instant, comme tout ce qui existe change et se transforme à chaque instant ...
Nous naissons et mourrons à chaque instant, nous changeons à chaque instant, comme tout ce qui existe change et se transforme à chaque instant ...
Manas,
la conscience amoureuse, ou septième conscience
Le
tréfonds est la conscience racine, la conscience de toutes les
semences, la base de tous les phénomènes, embrassant toutes les
potentialités et toutes les manifestations du corps et de ses cinq
sens jusqu’à l’univers. Alors que manas, quant à lui est la
conscience
de la réflexion.
Nuit et jour, il s’empare en silence d’une partie du tréfonds et
la considère comme son moi.
Nous pouvons appeler manas la conscience
amoureuse
pour le distinguer de la conscience
racine,
le
tréfonds,
termes utilisés par maître Xuanzang dans ses Versets sur les Huit
Consciences. La conscience
amoureuse
est d’abord et avant tout la volonté de vivre, l’instinct de
survie. Cette graine existe déjà dans le tréfonds : c’est l’élan
vital, la volonté de maintenir la vie, de se poursuivre comme un
courant. Le tréfonds lui-même est un courant.
Je suis ce corps
(Satkāyadṛṣṭi)
est la vue de la conscience amoureuse. Selon cette vue, ce corps est
moi et mien. Ce corps ainsi que les quatre autres agrégats : les
sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience
sont une partie du tréfonds, une partie de l’objet du tréfonds
(nimittabhāga).
Bien que le mode de perception du manas soit direct, c’est une
perception directe erronée, c’est-à-dire une intuition erronée.
Dans l’objet du tréfonds (nimittabhāga),
les cinq agrégats sont des merveilles de la vie, une partie du corps
du Dharma. Cependant, l’amoureux (abréviation de la conscience
amoureuse) les considère comme moi
ou mien.
Manas peut se traduire comme connaissance
ou réflexion.
Manas ou la conscience amoureuse est d’abord et avant tout la volonté de vivre, l’instinct de survie(...) donc l'élan vital ... (52eme formation mentale)... Manas peut se traduire comme connaissance ou réflexion.
Manas ou la conscience amoureuse est d’abord et avant tout la volonté de vivre, l’instinct de survie(...) donc l'élan vital ... (52eme formation mentale)... Manas peut se traduire comme connaissance ou réflexion.
La
vision de l’amoureux est voilée car il est incapable de toucher la
réalité en soi, l’ainsité (svalakṣaṇa),
et il crée son propre objet de la perception qui n’est pas la
réalité telle qu’elle est, mais une image fausse de la réalité
bien qu’elle ait pour base la réalité. Cet objet fait partie du
monde de la représentation et non pas du monde de l’ainsité. La
représentation porte une partie de la réalité mais elle n’est
pas vraiment la réalité en soi. C’est une construction mentale.
Les cinq agrégats auxquels le manas s’accroche et qu’il prend
pour moi,
ne sont pas les cinq agrégats en soi, mais une image créée
provenant d’une perception fausse. L’amoureux est donc voilé,
contrairement au tréfonds qui ne l’est pas. « Ceci est moi, cela
n’est pas moi. Je dois tout d’abord prendre soin de moi-même. Je
dois avant tout me protéger moi-même », telle est la réflexion du
manas, l’amoureux. Sur la base de cette perception, le manas peut
aller très loin sur le chemin voilé : son unique tendance est de
rechercher le plaisir sans en connaître les dangers, de fuir la
souffrance sans savoir que la souffrance aide à reconnaître le
bonheur et à produire les énergies de compréhension et de
compassion, fondation du bonheur véritable. De plus, le manas ignore
le danger de consommation sans modération, tandis que le tréfonds
et la conscience mentale en sont conscients.
Manas c'est la conscience voilée... celle qui crée un moi séparé ... ce corps est moi, est mien... son unique tendance est de rechercher le plaisir sans en connaître les dangers, de fuir la souffrance sans savoir que la souffrance aide à reconnaître le bonheur
La
nature du manas est de vouloir vivre absolument et de toujours
craindre la mort. Cette tendance apparaît dès la naissance et tire
son origine du tréfonds qui a pour fonction d’entretenir la vie et
de coopérer régulièrement avec la formation mentale de l’élan
vital. Bien que le manas soit avide de vivre et craigne la mort,
c’est de lui que vient l’idée du suicide car il veut également
fuir la souffrance. Quand la souffrance déborde, l’énergie de la
volonté de fuir la souffrance dépasse l’énergie de la volonté
de vivre et celle de la peur de la mort. Cependant, le tréfonds
comprend aussi la base de la vision profonde de la non-naissance et
de la non-mort, de non-venir et de non-partir, d’être et de
non-être de toutes choses, il est capable de voir cette nature. Si
nous pratiquons le regard profond de tout cœur, la conscience
mentale peut accéder à cette vision profonde et réduire la peur et
l’anxiété du manas. Cette anxiété, cette peur, cette tendance à
la voracité pour la vie et la peur de la mort sont la boue qui peut
être utilisée pour cultiver le lotus de la vision profonde de la
non-naissance et de la non-mort. Le manas et la vision profonde de la
non-naissance et de la non-mort sont une paire d’opposés
réciproques : ils ont besoin l’un de l’autre pour se manifester,
exactement comme le haut et le bas, la droite et la gauche,
l’intérieur et l’extérieur. Dès que le manas existe, la
sagesse de la non-naissance et de la non-mort existe, même si cette
sagesse n’est pas pleinement manifestée.
L’objet
de la perception de la conscience amoureuse (nimittabhāga)
Les
maîtres de la Manifestation Seule ne sont pas d’accord en ce qui
concerne l’objet de la perception de la conscience amoureuse.
Maître Nanda affirme que l’objet de la perception de l’amoureux
est le témoin propre du tréfonds (svasaṃvittibhāga).
Selon lui, le témoin propre ou la matière propre du tréfonds est
l’objet du manas, le soi, tandis que les formations mentales qui
coopèrent avec le tréfonds appartiennent à ce soi. Mais selon
Maître Citrabhānu, le manas prend le sujet du tréfonds
(darśanabhāga)
pour
le soi, et l’objet du tréfonds (nimittabhāga)
comme ce qui appartient à ce soi. Maître Sthiramati dit que le
manas prend le tréfonds pour le soi et toutes les semences qui y
reposent pour ce qui appartient au soi. Et selon Maître Dharmapāla,
le manas saisit le sujet du tréfonds (darśanabhāga)
comme l’objet qui est le soi.
Pour
le dire simplement et concrètement, l’objet du manas, de
l’amoureux, est ce corps avec ses cinq sens et tous ses
expériences, ses connaissances, ses affections, ses diplômes, ses
honneurs, ses niveaux, ses intérêts, ses biens, son partenaire, ses
enfants, etc. Tout ceci est objet de l’amoureux qui est le soi et
tout ceci appartient au soi. Le soi est le sujet qui a une perception
erronée du soi, et ce qui appartient au soi est objet de cette
perception erronée du soi.
Dans
le tréfonds, le désir de manger quand on a faim, de boire quand on
a soif, de dormir quand on est fatigué, la transpiration,
l’urination, l’émission de sperme en surplus, etc. sont tous
naturels. Ils ne sont ni purs ni impurs, ni bons ni mauvais. Pourtant
dans le manas, la tendance à rechercher le plaisir sensuel et à
fuir la souffrance fait naître ensuite des concepts de pur, impur,
bien et mal dans la conscience mentale. La raison fondamentale en est
que l’amoureux est voilé par la vue du soi. Mais, outre la vue du
soi, l’amoureux est également affecté par les formations mentales
de l’ignorance concernant le soi, de l’attachement au soi et des
complexes comme les complexes de supériorité, d’infériorité et
d’égalité. Tous les trois complexes ont pour base la vue du soi
et causent beaucoup de souffrance et de frustration.
Bien
que l’amoureux soit voilé, il est neutre comme le tréfonds, car
l’instinct de conservation et d’autoprotection est quelque chose
de très naturel de la vie. Comme le manas est neutre, il est par
nature biologique : ses afflictions peuvent se transformer en éveil,
tout comme la boue peut être utilisée pour cultiver le lotus. Si la
nature du manas était déterminée comme positive ou négative, il
ne pourrait pas jouer le rôle qui est le sien.
Dans le manas, la tendance à rechercher le plaisir sensuel et à fuir la souffrance fait naître ensuite des concepts de pur, impur, bien et mal.... La raison fondamentale en est que l’amoureux est voilé par la vue du soi.
Cette anxiété, cette peur, cette tendance à la voracité pour la vie et la peur de la mort sont la boue qui peut être utilisée pour cultiver le lotus de la vision profonde de la non-naissance et de la non-mort.
Bien que l’amoureux soit voilé, il est neutre comme le tréfonds... ses afflictions peuvent se transformer en éveil.
Il
faut de la boue pour avoir des lotus
Etudiant
la Manifestation Seule, nous devrions apprendre à éviter des termes
comme : à
l’intérieur de nous-mêmes,
le
monde extérieur,
la
conscience prend la conscience comme objet de la perception,
et la
conscience prend la matière comme objet de la perception.
Nous devons nous habituer à l’idée ni
intérieur ni extérieur,
sujet
indissociable de l’objet.
Dans la Doctrine
des Trois Mots sur la Conscience Seule de
Tang Dayuan :
La
représentation est correcte quand l’esprit prend l’esprit comme
objet de la perception et
la
représentation est erronée quand l’esprit prend la matière comme
objet de la perception
pourraient
faire croire à tort que l’intérieur et l’extérieur, de même
que le sujet et l’objet sont indépendants l’un de l’autre.
L’objet de l’amoureux est aussi l’objet du tréfonds ou de
l’esprit, bien qu’il soit nommé les cinq agrégats de la saisie.
L’amoureux est essentiellement subconscient, s’accrochant
silencieusement à son objet auquel il est attaché. Dans la
psychanalyse de Freud, il y a l’idée du ça,
dont la fonction est très proche de celle de l’amoureux : il
cherche le plaisir sensuel, évite la souffrance, se moque des lois
de la modération et de la morale. A côté du ça
se trouve le Moi
qui a pour fonction d’inhiber et d’empêcher le ça
de se comporter de façon contraire à ces lois.
Mais
si le Moi
considère que le moment est juste, il peut aussi permettre au ça
de satisfaire ses désirs.
Ce Moi
peut être considéré comme la conscience mentale et le ça,
l’amoureux. Quand le Moi
est stimulé par une image ou une idée, il peut suivre le ça.
Mais quand le Moi
est éveillé, il réalise qu’il ne peut pas faire ce qui n’est
pas permis, il sait comment inhiber le ça.
S’il ne fait qu’inhiber sans savoir éclairer et sublimer, il
mènera à des répressions inconscientes. La répression d’un
désir, d’une haine ou d’autres sentiments sur une longue période
peut conduire à un défoulement incontrôlé. Le Moi,
la conscience mentale, connaît la situation et, pour cette raison,
peut encourager, permettre ou inhiber. C’est ainsi que selon la
psychanalyse, le Moi
peut parfois s’unir au ça,
en particulier sur un niveau inconscient, mais parfois s’y opposer.
Au-dessus du Moi
se trouve le Surmoi,
qui a tendance à sublimer en trouvant plaisir dans la culture, la
littérature, l’art, l’éthique, les idéaux, etc. Ainsi, le ça
de l’inconscient est continué par le Moi
et le Surmoi
du conscient.
Thay fait référence à Freud ... L’amoureux est essentiellement le subconscient, s’accrochant silencieusement à son objet auquel il est attaché.
Dans
la tradition bouddhiste, la conscience mentale ne se contente pas
seulement d’inhiber l’amoureux mais elle l’éclaire également.
Si la conscience mentale sait comment méditer sur la coproduction
conditionnée et l’inter-être, et voit que le monde des êtres
vivants et l’environnement sont intimement liés et coproduits
mutuellement, alors elle réalise la vision profonde du non-soi et
transforme l’énergie sexuelle et l’attachement de l’amoureux
en énergies bénéfiques comme le bodhicitta, le vœu de servir, la
compassion, la vision de l’inter-être et du non-soi et la sagesse
de la non-discrimination et de l’observation merveilleuse.
L’amoureux, la conscience mentale, la sagesse de la
non-discrimination et de l’observation merveilleuse ne sont pas des
niveaux de conscience séparés l’un de l’autre. Au contraire,
ils
s’appuient l’un sur l’autre et se continuent,
comme les racines de lotus continuent la boue, les tiges de lotus
continuent les racines et la fleur continue la tige. L’un ne peut
exister sans l’autre. Parce qu’il y a la boue, il y a les lotus,
et quand il y a les lotus, il y a la boue. C’est la sagesse de
l’inter-être ou de la réciprocité. La réciprocité (anayamanya)
signifie que les choses dépendent mutuellement les unes des autres
pour se manifester : comme le haut et le bas, l’intérieur et
l’extérieur, le court et le long, le pur et l’impur. Tant qu’un
élément de la paire existe, l’autre existe. C’est la vérité
de ceci
est parce que cela est,
répétée maintes et maintes fois dans les soutras Agamas.
- Le rôle important de la conscience mentale pour éclairer le Manas
- Les choses dépendent mutuellement les unes des autres pour se manifester
- Sans la boue, pas de Lotus !
Ne
violons pas le principe de la coexistence comme base (sahajāśraya)
Maître
Xuanzang transmit à Khuiji, son grand disciple un court poème
(gāthā) sur la nature des trois mondes, c’est-à-dire les trois
objets de la conscience : la
réalité en soi, les représentations et les simples images.L’objet de la perception qui est réalité en soi ne dépend pas de celui qui perçoit.
L’objet de la perception qui est simple image dépend complètement de celui qui perçoit.
L’objet de la perception qui est représentation est lié à l’amoureux et au tréfonds.
La nature du bien et du mal en dépend aussi.
La réalité en soi ne dépend pas de l’esprit signifie que la réalité en soi est une sorte d’objet de la perception qui ne peut être influencé ou modifié par celui qui perçoit. À première vue, cela semble juste, mais cela pourrait engendrer d’énormes malentendus. D’abord, on pourrait penser que la réalité en soi est indépendante de la conscience, qu’elle est toujours présente même sans sujet de la perception. Ceci est en contradiction avec la loi de la réciprocité, car l’objet de la perception, même s’il est la réalité en soi, se manifeste toujours en même temps que le sujet qui perçoit. C’est également le principe de la coexistence comme base (sahabhūtāśraya). Bien sûr, la réalité en soi a ses propres semences comme base (bījāśraya), mais pour se manifester, elle a aussi besoin de la coexistence comme base. Par conséquent, nous voyons que la réalité en soi peut être seulement réalité en soi quand le sujet de la perception (darśanabhāga) est l’esprit véritable, et non pas l’esprit illusoire. Seul l’esprit véritable (perception directe et correcte) peut prendre la réalité en soi comme objet de la perception ; si c’est l’esprit illusoire (perception directe erronée ou déduction erronée), la réalité en soi ne peut en aucun cas se manifester. C’est pourquoi, dire que la réalité en soi ne dépend pas de l’esprit n’est pas tout à fait correct.
Le deuxième vers, la simple image n’est qu’une construction de celui qui perçoit, signifie qu’une simple image ne peut exister par elle-même mais qu’elle est seulement une construction de celui qui perçoit. Ceci est également en contradiction avec le principe de réciprocité. La phrase peut porter à penser qu’il y a d’abord celui qui perçoit et qu’ensuite, il construit de lui-même des images pour en faire l’objet de sa perception. Cependant, nous savons que ces images, qu’elles soient entièrement imaginées ou qu’elles aient une certaine base dans la réalité, viennent toutes de l’entrepôt de la mémoire sous forme de graines. Un stimulus du système nerveux permettra d’accéder aux images dans l’entrepôt de la mémoire pour qu’elles se manifestent à nouveau. Ainsi les simples images ont aussi leur semences comme base (bījāśraya), comme n’importe quel autre objet de la perception. Bien évidemment, les objets qui se manifestent à partir d’une semence dépendent aussi du sujet de la perception (darśanabhāga) pour jouer leur rôle d’objet de la perception (nimittabhāga). C’est la coexistence comme la base. Par conséquent, dire que la simple image est une construction de celui qui perçoit n’est pas correct non plus et ce, même si les objets de la perception sont entièrement imaginaires comme la fourrure de tortue, les cornes de lièvre ou le Père Noël, etc. Néanmoins, ces simples images ne sont pas des constructions mentales partant de rien : l’image d’un éléphant pourvu d’ailes volant dans le ciel, bien qu’elle soit une création imaginaire, a une base dans la réalité. L’image de l’éléphant est une image de la réalité et l’image des ailes est également une image réelle concernant des oiseaux. Les simples images sans base réelle sont aussi constituées de morceaux tout faits de simples images basées sur la réalité. Bien que l’image de tortue avec une fourrure ou celle d’un lièvre avec des cornes soit une construction mentale, elle est composée d’image réelle de cornes de cerf collée sur l’image réelle de tête de lièvre. Il est également impossible d’affirmer que l’objet perçu (nimittabhāga) est de la même semence que le sujet qui perçoit (darśanabhāga) car cela va à l’encontre de la caractéristique des semences comme base de toutes choses. Ces simples images-là ont leurs propres semences préservées dans l’entrepôt de la mémoire du tréfonds.
Le troisième vers du verset, la représentation est une construction de l’amoureux et du tréfonds, signifie que l’objet de l’amoureux est un objet de la perception (nimittabhāga) composé à la fois par le tréfonds et l’amoureux. La représentation n’est pas la réalité en soi mais une image projetée de la réalité. L’idée de la représentation correcte et de la représentation erronée doit être examinée de nouveau. Selon la vue de l’étude de la Logique de la Manifestation Seule, quand l’esprit prend l’esprit comme objet de la perception, c’est-à-dire quand le manas prend le tréfonds comme objet de la perception, celui-ci est une représentation. Ici, c’est une représentation correcte. En revanche, quand la conscience mentale et les cinq consciences sensorielles prennent le monde matériel extérieur comme objet de la perception, celui-ci est une représentation, mais il s’agit d’une représentation erronée et non d’une représentation correcte. En basant sur le verset de Maître Xuanzang, Tang Dayuan écrivit dans sa Doctrine des Trois Mots sur la Conscience Seule :
La représentation est erronée quand l’esprit prend la matière comme objet de la perception,
L’objet de la perception dépend du sujet de la perception,
Un seul côté suffit à créer l’autre.
Cela signifie : lorsque l’esprit prend la matière comme objet de la perception, l’objet de la perception (nimittabhāga) n’est qu’une représentation erronée et non pas une représentation correcte car l’objet est entièrement dépendant du sujet de la perception (darśanabhāga), et qu’il n’existe que par lui. Ceci contredit aussi le principe de réciprocité et est en désaccord avec le principe la coproduction comme base (sahajāśraya) à cause de la discrimination entre la conscience et la forme conçues comme deux réalités séparées pouvant exister en dehors l’une de l’autre. C’est la perception erronée fondamentale nommée par l’école de la Manifestation Seule double prise : le sujet qui perçoit et l’objet perçu existant indépendamment l’un de l’autre.
Nombre de neuroscientifiques se fourvoient encore dans cette vision dualiste selon laquelle il y a un sujet de la perception indépendant qui se met en quête d’un objet de la perception séparé de lui-même, une conscience subjective qui recherche une réalité objective.
La double prise signifie être emprisonné dans l’idée que celui qui saisit (grāhaka), sujet de la perception, et la chose saisie (grāhya), objet de la perception, sont deux réalités séparées indépendantes l’une de l’autre. Il faut voir également que ce que nous appelons forme est aussi conscience. En réalité, les manifestations que nous percevons comme soi et comme phénomène (dharma) appartiennent aux domaines des objets du tréfonds (nimittabhāga), c’est-à-dire au tréfonds, à la conscience. Nous ne pouvons pas dire que celui qui perçoit (darśanabhāga) est conscience et le perçu est la forme. Ce que nous appelons forme n’est qu’une formation qui se manifeste à partir des semences. Quand nous disons que l’objet de la perception dépend du sujet de la perception, qu’un seul côté suffit à créer l’objet, nous sommes piégé par l’idéalisme (selon lequel, tout vient de l’esprit), ce qui n’est pas en accord avec les enseignements de la Manifestation Seule, car cette façon de voir n’a pas encore dépassé la double prise. Etudiant la Manifestation Seule, nous devons apprendre à effacer la frontière entre esprit et matière, sujet et objet de la perception (darśanabhāga et nimittabhāga). Il n’est pas juste de dire que l’objet en tant que représentation est une construction de celui qui perçoit (darśanabhāga) car cela contredit les principes des semences comme base (bījāśraya) et de la coexistence comme base.
Long développement, sur les trois objets de la conscience la réalité en soi, les représentations et les simples images, l'objet et le sujet, la double prise ... qu'il va me falloir assimiler ... (ça ne me parle pas !) Je retiens simplement que presque toutes nos perceptions sont erronées... (mais ça je le savais déjà) . C'est pourquoi j'arrête pour le moment là cette analyse, dans laquelle je n'ai toujours pas trouvé la réponse à ma question sur les graines du tréfonds neutres... et dans cette partie j'ai appris que Manas est neutre aussi !
a suivre donc
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