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** ** Il y a assez sur Terre pour répondre aux besoins de l'Homme, mais pas assez pour satisfaire son avidité ** ** Gandhi
 
j'ai hier 18 janvier, quitté définitivement un boulot qui m'épuisait , pour prendre ma retraite en subissant une grosse décote ....

02 sept 2020 "Bouddhiste et "d’extrême gauche", le suis je encore?  

 

27 août 2009

Ecologie et spiritualité, regards croisés, 1ère partie


2 grands sages de notre époque, dans une des rares bonnes emissions de télé de France 2
soit disante chaine de télévision publique...
(je sais je dois m'abstenir de porter un jugement....)

Emission Sagesses Bouddhistes du 10 février 2008
sur le blog de Micka
http://catetmic.canalblog.com/archives/2008/02/index.html




Et sur le site de l'UBF Union Bouddhiste de France

http://www.bouddhisme-france.org/voix_bouddhistes/detail_des_emissions/080210.htm


Ecologie et spiritualité, regards croisés, 1ère partie

Invités : Lama Denys et Pierre Rabhi.

Présentation : Sandrine Colombo
Réalisateur :
Michel Baulez



KARMA LING
Dachang Rimay (Congrégation)
Tradition tibétaine Kagyupa
Hameau de Saint-Hugon 73100 Arvillard
Tel : 04 79 25 78 00
Fax : 04 79 25 78 08
Site internet : www.karmaling.org
e-mail : accueil@karmaling.org
Pierre Rabhi
« Association Terre et Humanisme »
Transmission de l’agroécologie pour l’autonomie alimentaire des populations et la sauvegarde des patrimoines nourriciers. Stages d’initiation à la terre ouverts à tous et programmes de solidarité internationale.
Mas de Beaulieu BP 19 07230 LABLACHERE
http://www.terre-humanisme.org
Cyril Dion
Mouvement International pour la Terre et l’Humanisme
1 Carrefour de Longchamp 75016 PARIS
Tél. : +33 01 42 15 50 17
Mob. : +33 06 27 81 41 73
www.mouvement-th.org
cyril.dion@mvt-terre-humanisme.org


EXTRAITS DE L'EMISSION

Sandrine Colombo : Un cri d’alerte ce dimanche : « Au secours ! La terre est en danger. » C’est un thème d’alerte, certes, dans l’air du temps : tout le monde parle du réchauffement climatique, de la pollution. Le prix Nobel de la paix d’ailleurs a été attribué à un politicien, AG Gore, mais les choses bougent encore très lentement. Une prise de conscience a beau avoir lieu, à un niveau individuel comme à un niveau collectif, les indicateurs restent mauvais. Pourtant il y a des solutions à trouver en chacun d’entre nous, les valeurs du bouddhisme et ce depuis toujours, prenant en compte la nature. Aujourd’hui, on pourrait dire que les pratiquants bouddhistes ont une longueur d’avance sur le sujet de l’écologie. La protection de la nature fait partie du Dharma.
Comment contribuer à faire avancer l’écologie contemporaine .Nous recevons deux invités pour mener ce débat. Lama Denys, Président Honoraire de l’Union Bouddhiste Européenne, et Supérieur du ssngha Rimay, dont la Congrégation Dachang Rimay et l’Institut Karma Ling, sont en Savoie.
vous avez créé plusieurs rendez-vous inter religieux sur l’écologie. Vous sensibilisez les pratiquants aux problèmes de la nature et avez créé « un éco site. » On verra ce que c’est. Pierre Rabhi , écrivain, penseur et militant en faveur de la nature depuis plus de quarante ans. Vous êtes l’un des pionniers de l’agriculture biologique et avez lancé très récemment le mouvement « Terre et humanisme » pour appeler au changement de mentalité vis-à-vis de notre terre nourricière. Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous allons voir un rapide reportage sur les maux dont souffre aujourd’hui la planète.
« La terre malade de ses habitants : émissions de gaz à effet de serre, déforestation, pollution des mers, épuisement des énergies fossiles, les causes des blessures sont multiples et produisent des catastrophes, certaines plus visibles que d’autres, comme les marées noires auxquelles n’échappe aucune mer au monde.
Souillé par des gaz autrement plus toxiques que le pétrole brut, l’atmosphère est en train de se réchauffer de façon inexorable. Les glaciers fondent entraînant une élévation du niveau de la mer, tandis que le climat change, beaucoup plus vite qu’on ne l’aurait cru. Des signes de destruction parfaitement recensés.
Oui, l’humanité a bien pris conscience qu’elle dévastait la planète et cherche depuis les années 1980 à enrayer le mouvement.
Ainsi tous les pays, les riches comme les pauvres, se retrouvent périodiquement. Quinze ans après le sommet de Rio, cinq ans après celui de Johannesburg, près de cent quatre vingt dix pays se sont encore réunis à Bali en décembre dernier, mais les intérêts divergent, entre bonnes intentions pour les uns, besoin de sortir de la pauvreté pour les autres et envie de progresser toujours plus pour d’autres encore.
Pourtant pour préserver le vivant, les solutions existent et la communauté internationale a déjà su s’organiser en urgence pour sauver la couche d’ozone. Mais malgré la décision rapide d’arrêter les gaz CFC, l’ozone ne retrouvera qu’en 2060 son niveau de 1980.
S.C. : Les choses sont plutôt alarmantes. Pourquoi, à votre avis, Pierre Rabhi, les hommes se sont-ils éloignés de la nature ?
Pierre Rabhi : Je crois que c’est un fait de civilisation. Avant, disons la révolution industrielle, les hommes, bon an mal an, étaient quand même proches de la nature, puisqu’ils en tiraient leurs subsistances. Avec l’industrialisation évidemment, on est passé à un autre paradigme, c'est-à-dire qu’on a en fait inversé le courant de l’histoire. On est allé exhumer des matières mortes comme le pétrole, les minerais etc.. et on a fondé ce qu’on pourrait appeler d’une manière synthétique, la civilisation de la combustion. Cette civilisation de la combustion et la fameuse industrialisation, ont fait que des populations entières se sont concentrées sur des pôles industriels et on a créé une sorte de « hors sol », appliquée à l’humain. Et à partir du moment où l’être humain est confiné dans ce hors sol et dans cet univers minéral, il est de plus en plus déconnecté de la nature, en tant que fondement de la vie et continuité, et phénomène continu.
Je pense qu’il y a une grande ignorance maintenant de l’écologie, parce que l’écologie ne devrait pas être enseignée. Elle devrait être la base même de la connaissance, en faire simplement un paramètre est une erreur. L’écologie représente les lois de la vie, de tout le monde, de tout un chacun, n’importe qui. Ainsi, cet éloignement fait qu’il n’y a plus cette connexion et n’ayant plus cette connexion, il n’y a plus compréhension.
Evidemment, on a beaucoup transgressé et aujourd’hui, on est face aux problèmes qui ont été exposés.

S.C. : Lama Denys, le bouddhisme est-il intrinsèquement lié à l’écologie ?

Lama Denys : La tradition du Bouddha est fondée sur l’intelligence de l’harmonie et la pratique de l’harmonie, l’harmonie étant l’intelligence de l’interdépendance et une action de non violence, ce que connaissent bien tous les bouddhistes. Et l’harmonie se vit avec soi, avec les autres, avec notre environnement.
Cette harmonie de non violence, dans l’intelligence de l’interdépendance, est au cœur de la tradition du Bouddha, elle l’a toujours été. Et c’est de vivre celle-ci qui peut nous ramener à nous reconnecter à la nature, à notre nature - car notre nature et la nature ne sont pas différentes, et à dépasser cette civilisation de la combustion, dont Pierre Rabhi parlait très bien à l’instant, et à ré-enchanter la nature, à retrouver ce lien co-naturel et à sortir de cette bulle mentale, égoïste, qui nous fait nous comporter en consommateurs.
Il y a une maxime bien connue de l’apprentissage spirituel dans le Dharma, qui dit :
« Tous les problèmes se ramènent à un seul, c'est-à-dire l’égoïsme. »
Celui-ci nous fait, dans le pouvoir, avoir cette attitude prédatrice de vampirisme. La tradition du Bouddha est un remède pour dépasser cet égoïsme destructeur.
S.C. : Dans la tradition bouddhiste, on prend parfois une image : celle de la graine, donc une image végétale justement, qui met en relation l’homme et la nature ?
Lama Denys : La graine effectivement est notre potentiel d’éveil que l’on peut cultiver, il s’agit de le dévoiler. La nature est déjà là, saine, et il s’agit de nous reconnecter à notre santé fondamentale, à notre bonté fondamentale. Cette image de la graine est aussi très pertinente, au sens où l’on récolte ce que l’on sème. On ne récolte rien qui ne fut semé. C’est l’intelligence du karma, de la causalité. Aujourd’hui, nous avons malheureusement semé de mauvaises graines. Nous avons détruit, nous avons pollué et il est urgent maintenant de pouvoir contrecarrer et semer des graines positives, semer de bonnes graines et les cultiver.
S.C. : Pierre Rabhi, dans l’un de vos livres « Conscience et Développement », vous parlez du lien étymologique qu’on pourrait recréer entre l’homme, l’humain et l’humus. Donc il y a un lien très fort entre la terre et les hommes finalement ?
Pierre Rabhi : Oui, l’humus est à la fois une matière, une matière issue des résidus qui ont subi une transformation pour redonner élan à la vie. C’est ce qu’on voit dans les forêts. Dans les forêts, les résidus se transforment en humus et cet humus, quand il est entraîné dans la terre, donne la terre nourricière, c'est-à-dire, en agronomie, ce qu’on appelle le fameux complexe argilo-humus. C’est la combinaison de l’humus et de l’argile ou d’un substrat minéral, qui donne la fécondité. Et au-delà, il a un effet qu’on pourrait dire physique, biologique, mais symboliquement aussi, car étymologiquement, humus, humanité, humilité, c’est la même chose. Cet aspect humilité qui est de l’ordre symbolique, nous rappelle que l’humus est fait de déchets, mais que ces déchets, une fois transformés par une alchimie particulière, qui sont des techniques qu’on peut appeler compostage ou autre, aboutissent à redonner une matière qui relance la vie. Et cela, ce n’est pas simplement une métaphore. J’ai expérimenté cela dans les terres les plus arides du Sahel où j’ai beaucoup travaillé. Et ces terres arides, quand on leur apporte de l’humus, c'est-à-dire ces détritus transformés, cela les ensemence, c'est-à-dire que cela leur amène des bactéries, des micro-organismes, des ferments, des levures etc.. et cela ré-ensemence la terre nourricière qui est stérile et lui redonne la vie.
S.C. : Est-ce que, pour se soucier de la nature, Lama Denys, il faut entreprendre une démarche spirituelle ?
Lama Denys : Oui, mais tout dépend ce que l’on appelle une démarche spirituelle. S’il s’agit de sortie de la bulle, du cocon de l’ego, de ses projections mentales, dans lesquelles nous nous sommes enfermés, dans ce sens là, certainement. C’est le propre de la pratique méditative, contemplative, de laisser le mental s’apaiser. Dans ce sens là, il y a une démarche que l’on peut dire spirituelle.
S.C. : Est-ce qu’auparavant, il n’y avait pas une spontanéité ? L’homme était forcément tourné vers la nature, puisqu’il en avait besoin ?
Pierre Rabhi : Oui, on en parle au passé, mais il existe encore des peuplades qui sont dans cette attitude. Aujourd’hui, sur notre planète, il existe des peuplades qui considèrent la « terre mère » et qui ne la considèrent pas comme une propriété. Là où il y a eu une rupture, c’est à partir du moment où l’être humain ne se reconnaissait plus comme faisant partie de cet ordre là, et comme une des expressions, une des créations de cet ordre là, et où il a prétendu qu’il fallait qu’il impose ou qu’il applique à cet ordre là, son bon vouloir. A partir de ce moment là, on pourrait dire que c’est le début de la naissance où l’être humain veut ordonner le monde à sa convenance, sans tenir compte des lois fondamentales qui ont présidé jusqu’alors.
S.C. : Qu’est ce qui fait que les choses avancent très peu, voire ne bougent pas, Lama Denys, malgré les appels et toutes sortes d’événements qui sont organisés, par vous-même, par d’autres internationaux ? On a le sentiment que les communautés restent un peu immobiles ?
Lama Denys : Tout le monde est sensibilisé aux problèmes. Ce que vous montriez au début en est un bon rappel. Les solutions existent, elles sont connues, mais très peu, ou rien ne se fait pratiquement. C’est la résistance par rapport au changement, le changement nécessaire. Il faudrait que nous changions de mode de vie. Et c’est bien cela qui est difficile. Il faudrait que nous changions notre mode d’alimentation, notre mode d’habitation, nos modes de déplacement, nos modes de loisir, dans une évolution, une simplification. C’est très difficile le changement, revenir et redécouvrir ce qu’on peut appeler une simplicité volontaire, le bonheur de la simplicité, d’une modération délibérée. Difficile car cela nécessite que nous changions de modes de pensée, de mentalité et que nous transformions notre égoïsme. C’est ce que le Bouddha nous enseigne depuis vingt cinq siècles.
S.C. : Changer de mentalité, changer de comportement, c’est ce que nous verrons la semaine prochaine dans la deuxième partie de cette émission consacrée à l’écologie et la spiritualité.

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