faite en ce 1er novembre 2010 à l'Institut Vajra Yogini de Lavaur dans le Tarn (81) lors d'un enseignement de Lama Chantal Dékyi
Préparation :
Asseyez-vous confortablement, le dos droit, de façon à avoir le corps bien détendu. Donnez à votre esprit le temps de se poser dans le moment présent... Laissez passer les pensées liées au passé et au futur. Prenez la décision^de garder votre esprit concentré sur le sujet de votre méditation le temps de votre session.
Motivation :
Une fois votre esprit calmé et établi dans le présent, générez une motivation positive pour faire cette méditation. Vous pouvez, par exemple, penser de la manière suivante : « Puisse cette méditation contribuer à apporter plus de paix et de bonheur à tous les êtres », ou encore : « Puisse cette méditation être une cause pour que j'atteigne l'éveil, afin que je sois en mesure d'aider tous les êtres à se libérer de la souffrance et à s'éveiller à leur tour ».
Corps de la méditation :
Tout en contemplant les points ci-dessous, apporte^ vos propres idées, vos expériences et ce que vous ave^ entendu ou lu pour illustrer chaque point. Essaye^ de ressentir chaque point. Si, à tout moment de votre méditation, vous faites l'expérience d'un sentiment fort, intuitif, lié au point que vous êtes en train d'examiner, arrête^ dépenser et reste^ concentré sur ce ressenti aussi longtemps que possible. Quand il perd de sa force ou si les distractions prennent le dessus, retourne^ à la contemplation analytique.
Peu importe ce que nous avons acquis ou développé tout au long de notre vie, qu'il s'agisse de parents ou d'amis, de richesses, de pouvoir, d'expériences de voyage etc., rien de tout cela ne nous suit dans la mort. Seul notre esprit continue, transportant les empreintes de tout ce que nous avons pensé, ressenti, dit et fait. Quand nous mourons, il est essentiel d'avoir sur son esprit le plus possible d'empreintes positives — causes d'expériences agréables — et le moins possible d'empreintes négatives — causes de souffrance. De plus, nous devrions viser à être en paix avec nous-mêmes au moment de notre mort, contents de la manière dont nous avons mené notre vie et à ne laisser derrière nous aucun conflit ouvert avec les autres.
Les seules choses qui nous soient vraiment profitables au moment de la mort sont les états d'esprit positifs tels que la foi, le non-attachement et la calme acceptation des changements qui prennent place, l'amour bienveillant, la compassion, la patience et la sagesse. Mais pour être capable d'avoir de tels états d'esprit au moment de la mort, nous avons besoin de nous familiariser avec eux pendant notre vie - ce qui est l'essence du Dharma, ou de la pratique spirituelle. Réaliser cela nous procurera la motivation et l'énergie pour commencer à pratiquer le Dharma maintenant, et pour pratiquer autant que nous le pouvons, tant que nous en avons encore le temps.
Nous pouvons faire l'expérience d'un sentiment intense de cette réalité en nous imaginant en train de mourir et en contemplant les trois points suivants.
1. Ceux que vous aimez ne sont d'aucune aide
Quand nous rencontrons des difficultés ou des situations effrayantes, nos pensées se tournent habituellement vers nos proches : notre famille, nos amis. Il est donc naturel de souhaiter être proche d'eux au moment de notre mort. Néanmoins, il se peut que cela ne se déroule pas de cette façon, il se peut très bien que nous mourrions loin de chez nous.
Mais même si ces personnes se trouvaient présent-es près de nous au moment de notre mort, seraient-elles réellement à même de nous aider ? Même si nos proches nous aiment sincèrement et ne souhaitent pas que nous mourions, ils ne peuvent empêcher la venue de ce moment. Il est de plus fort possible qu'ils soient déroutés et ne sachent pas quoi dire ou faire pour nous apaiser. Il se peut que leur tristesse et leurs inquiétudes quant à la proche séparation fassent naître les mêmes émotions dans notre propre esprit.
Quand nous mourons, nous partons seuls - personne, pas même l'être qui nous est le plus proche et le plus cher — ne peut nous accompagner. Alors, si l'on est incapable d'accepter cela ou de nous débarrasser de F attachèrent à ceux que nous aimons, notre esprit en sera agité et il nous sera très difficile d'avoir une mort paisible.
Reconnaissez l'attachement que vous avez pour votre famille et vos amis. Essayez de prendre conscience que ce fort attachement à des personnes peut s'avérer un obstacle à un état d'esprit paisible au moment de la mort ; et qu'il est donc préférable de travailler sur la diminution de cet attachement et d'apprendre à lâcher prise.
2. Vos biens et vos plaisirs ne sont d'aucun secours
Votre esprit se tournera vraisemblablement vers vos biens et vos possessions qui, au cours de votre vie, vous occupent beaucoup et qui sont sources de grands plaisirs et satisfactions. Mais est-ce que la moindre de ces choses peut vous apporter le réconfort et la paix au moment de la mort ? Vos richesses peuvent vous aider à obtenir une chambre particulière à l'hôpital et les meilleurs soins médicaux, mais c'est tout ce qu'elles peuvent faire pour vous. Elles ne peuvent pas empêcher la mort de survenir, et, quand vous mourrez, vous ne pourrez rien emporter avec vous, pas même un centime ou un vêtement. Non seulement vos possessions sont incapables de vous aider au moment de la mort, mais votre esprit pourrait très bien être perturbé à cause d'elles : qui héritera de quoi, et est-ce qu'il ou elle prendra bien soin de « vos » affaires ? Ce qui fera qu'il vous sera difficile d'avoir un état d'esprit paisible et détaché au moment de mourir.
Contemplez ces points et voyez si vous pouvez comprendre à quel point il est important d'apprendre à être moins dépendant des objets matériels et moins attaché à eux.
3. Votre propre corps ne peut vous aider
Depuis la naissance, votre corps a été un compagnon de tous les instants. Vous le connaissez plus intimement que n'importe qui ou n'importe quoi d'autre. Vous en avez pris soin et l'avez protégé, vous vous êtes fait du souci pour lui, vous l'avez maintenu en bonne santé et dans le confort, vous l'avez nourri et nettoyé, et grâce à lui, vous avez expérimenté toutes sortes de plaisirs et de souffrances. Il a été le plus précieux de vos biens.
Mais maintenant vous agonisez et cela signifie que vous allez en être séparé. Il s'affaiblira et finira par n'être plus bon à rien : votre esprit le quittera et il sera emporté au cimetière ou au crématorium. Quel bien peut-il donc vous faire désormais ?
Contemplez le sentiment de dépendance et d'attachement intense que vous avez envers votre corps et examinez le fait qu'il ne peut vous être d'aucun profit au moment de la mort. La crainte de la douleur et le regret de le quitter ne feront qu'aggraver votre souffrance.
En méditant sur ces trois derniers points, nous devrions réaliser à quel point il est important de travailler à réduire nos attachements aux êtres et aux biens de cette vie, tels que la famille et les amis, les possessions et notre propre corps. Nous devrions aussi réaliser combien il est essentiel de prendre soin de notre esprit, car c'est la seule chose qui continuera dans la vie prochaine. « Prendre soin de son esprit » signifie travailler à diminuer ses états négatifs, comme la colère ou l'attachement, et à cultiver ses qualités positive telles que la foi, l'amour bienveillant, la compassion, la patience et la sagesse.
De plus, comme les empreintes des actions commises dans cette vie accompagneront notre esprit dans la prochaine vie et détermineront quel type de renaissance et d'expériences nous aurons, il est essentiel d'essayer de faire de notre mieux pour nous abstenir de commettre des actions négatives, et pour créer le plus possible d'actions positives tout au long de notre vie.
Il est possible que vous éprouviez de la peur ou de la tristesse en faisant ces méditations. D'une certaine manière c'est plutôt bien, cela montre que vous avez pris ces idées au sérieux et que vous les avez bien contemplées. Dé plus, il est important de se familiariser avec ce que vous ressentez à propos de la mort ; ainsi vous pourrez travailler afin d'être prêt quand l'heure viendra. Cependant, vous effrayer n'est pas le but de cette méditation. Simplement avoir peur de la mort n'apporte aucune aide. Par contre, ce qui aide c'est d'avoir peur de mourir avec un état d'esprit négatif et avec de nombreuses empreintes inscrites dans l'esprit du fait d'actions négatives commises durant votre vie. Il vous faut acquérir une réalisation puissante qu'il serait terrible de mourir ainsi, afin que vous viviez votre vie avec sagesse, accomplissant autant de choses positives et bénéfiques que possible.
De plus, la peur s'élève parce que nous nous accrochons à l'idée d'un soi permanent — en fait, une telle chose n'existe pas, c'est une perturbation qui n'apporte que souffrance. Si nous gardons la mort à l'esprit avec tranquillité et ouverture, cette saisie se desserrera peu à peu, nous permettant d'être attentifs et de rendre chaque action positive et bénéfique, tant pour nous-mêmes que pour les autres. Et avoir conscience de la mort nous procure une immense énergie pour ne pas gâcher notre vie, mais pour en tirer le meilleur parti possible.
Conclusion et dédicace :
Concluez la méditation avec la pensée optimiste que vous avez en vous toutes les possibilités de rendre votre vie significative, bénéfique et positive, et que de cette façon vous pourrez mourir l'esprit en paix. Souvenez-vous de la motivation que vous aviez générée au début de la méditation et dédiez les mérites engendrés par cette méditation dans le même but, pour le bien de tous les êtres.
Colophon : Traduction française : Philippe Penot (août 2003), 'Lobsang Détchèn (octobre 2009) et extraits de Comment Méditer. Extrait et arrangé à partir du matériel de Découverte du Bouddhisme par Lobsang Détchèn, octobre 2009.
Photos du centre Bouddhiste Tibétain "Institut Vajra Yogini" à Lavaur
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